dessin inuitC’est la question qui me traverse ce matin dans les transports dits en communs, mais où je me sens bien solitaire, surtout en pensant à mon avenir dans un monde d’objets connectés. Ma voisine la plus proche vissée à ses oreillettes, laisse échapper un grésillement, pour elle de musique, pour moi d’inconfort. On joue à ne pas se toucher les mains sur la barre qui n’est pas faite pour la pole dance même lorsque les à coups de la rame nous balancent les uns contre les autres. Les regards évitent de se croiser, ou si furtivement qu’on baisse rapidement les yeux pour préserver une intimité mise à mal par la proximité. Mon voisin, une tête de plus que moi, respire l’air des cimes tandis que j’inhale malgré moi à chaque inspiration, les fragrances  « sephora » ou plus natures de notre espace confiné.

Oser ? Désirer ? Frémir ?

Quand ai-je été simplement là à ne rien faire, sans consulter mes messages ni répondre à un interlocuteur éloigné ni enfermer mon imaginaire dans une lecture de passage ? A attendre simplement de voir surgir cet instant poétique qui me mettra en reliance avec le moment présent. Il prendra peut-être l’apparence d’une femme difforme qui crie sa peine et son besoin face à des « usagés » indifférents. Elle non plus n’est connectée à personne, reliée à rien qui nous concerne. Mais après tout, est-elle plus indécente que les promesses rarement tenues des marques qui nous enfument à longueur de réclames (Mon teint est parfait, je ne peux m’en passer … m’assure Erborian) ? Ou celle de musiciens de jazz manouche jouant juste les quelques mesures d’un standard connu pour éveiller nos attentions endormies dans l’espoir de récolter quelque pièces entre deux arrêts. Rien de tout cela ne s’est produit ce matin, je sors du métro et en poussant la porte de l’espace de coworking où j’ai mes bureaux, la réponse est là. Les liens de la vraie vie, un bonjour sans oreillettes, de vrais gens. Plutôt que les objets connectés, je préfère les rôles de connecteurs en entreprise. Ces fonctions invisibles de ceux qui se font accompagnateurs de nos initiatives, à l’écoute de nos signaux faibles. Dans la convivialité. Dans la bienveillance. Des qualités qui relèvent du comportemental et dont l’entreprise pourrait tirer un énorme bénéfice. Qui se souvient encore que bénéfice, étymologiquement, signifie faire le bien?